En 2024, nous avons organisé DSH academy, avec 2 programmes au profit des collégiens à Sidi Ifni, et un programme au profit des enfants des communes territoriales servies par l’eau de brouillard. Pendant ces programmes, adolescents et enfants ont eu accès à un monde nouveau de connaissances, dont l’écologie est l’axe fondamental, avec une pédagogie ludique mais tout aussi formatrice. Nous avons aussi clôturé le programme Ecole Ethnographique Appliqué (EFS) dont le thème était l’Arganier, arbre, symbole, ressource et culte, lancé en 2021 avec nos partenaires de l’Université UC Merced en Californie et l’Université de Tampa, en Floride. Cours, visites, enquête de terrain, ont animé tout notre Juillet 2024 et apporté une plus-value à l’ensemble des participants. Les étudiants de Lewis & Clark, de l’Oregon, notre partenaire de longue date, ont aussi bénéficié d’un programme éducatif centré sur l’héritage, l’identité et la culture Amazigh. Cet héritage est imbriqué et est constitutif de l’écologie locale.
L’édition de la biennale nommée Echos Vitales du programme Rhizome Art, faite en partenariat avec le jeune conservateur et visionnaire Soufian Aaraichi, a honoré le personnage du berger, dans son milieu matériel et symbolique. Langage du sifflet, art rupestre, chant, lien approfondi avec la flore, et intimité avec le cheptel, le berger fut célébré comme dépositaire d’un héritage et le symbole d’une culture, et ce en soulignant les liens profonds entre les Îles Canaries et le Sud Ouest du Maroc. Le programme fut constitué de conférences, de débats, d’une résidence artistique, musique, chants, danse et une grande communion pour célébrer l’officialisation d’Id-Iyanner en 2024 qui est une reconnaissance officielle de l’héritage et de la continuité de l’Amazighité au Maroc, et proposant une transmission de cet héritage pensé en synergie et en cohérence avec le fait Amazigh dans cette région du monde.
De l’Arganier et de l’héritage culturel, nous continuons à œuvrer dans l’ensemble de nos projets écologiques. Hyperaspis Trifurcata,la coccinelle mexicaine que nous avons baptisée lalla Messaouda, nous a enseigné la valeur de l’adaptation et l’utilité de copier la nature pour lutter contre un dévastateur de nos cultures ; notre programme de lutte biologique contre la cochenille utilisant des bio-pesticides et Lalla Messaouda est implanté dans nombre de champs dans notre commune territoriale. TinAmoud, notre grainothèque et ferme expérimentale Agdal Brahim Aachour (ABA), continuent tous les deux d’être les pivots du concept d’adaptation et de résilience dans les conditions climatiques difficiles du Sud Ouest marocain avec la sécheresse persistante. Nombre de graines furent partagées, reproduites, protégées et de l’espoir renaît chez les fermiers de nos communes dont les connaissances ancestrales continuent d’être valorisées et pratiquées face aux mutations sociales et écologiques profondes de la région.
La pluie ne nous a pas visités depuis dix ans mais Dame Tagout, le brouillard, par 76 nuits en cette année 2024 a arrosé nos filets et chaque mètre carré a ramassé en moyenne 27 litres.
Le sifflement, langage du berger, la graphie dans la pierre séculaire, la graine de TinAmoud, l’école de l’eau pour perpétuer nos cultures qui se répondent des Îles Fortunées au Mont Atlas, autant de jalons en cette année 2974. Lalla Messaouda veillera sur Aknari, Ficus Indica, toutes deux à nous venues du lointain Mexique et perpétueront les chants de nos terres et germera la graine de Tin Amoud par Tagout arrosée. C’est une Amana, plaise à Dieu, que nous transmettrons.