La région des Aït Baâmrane est constituée d’une confédération de tribus qui vivent dans le territoire montagneux du sud-ouest bordant l’océan Atlantique. La population rurale de 65 000 habitants est répartie dans 348 villages (recensement de 2014), la ville de Sidi Ifni étant la capitale symbolique de la région. Les bergers s’occupent de leur bétail et produisent des céréales, notamment de l’orge. Le fruit du cactus, la figue de Barbarie, est également cultivé. L’apiculture et la production de produits de l’arganier sont des activités largement pratiquées sur les 59 000 hectares de la région. Ces activités constituent une source de revenus supplémentaires. La région dépend d’un mode de vie agricole qui trouve ses racines dans l’agriculture de subsistance, un mode de vie qu’il est de plus en plus difficile de maintenir aujourd’hui. De par sa situation aux portes du Sahara, cette région a longtemps été un point de passage obligé sur la route commerciale de l’Oued-Noun. Du XIXe siècle au début du XXe siècle, les caravanes en provenance d’Essaouira et de Marrakech empruntaient ce passage pour se rendre dans l’Adrar mauritanien et vice-versa. Parmi les autres villes anciennes situées le long de la route, citons Tamdoult U Aqa, Tagaoust, Noul Lamta, Mast, Taroudant, Marrakech dans les régions de l’Oued Noun et du Souss, ainsi qu’Azougy et Aoudaghost en Mauritanie.
La côte des Aït Baâmrane est très escarpée et ne se prête donc pas à la construction de ports. L’embouchure de l’Oued Assaka est un point d’entrée intéressant que les forces occidentales, telles que celles dirigées par Sidi Mouhmmad Ben Ablella à Mirleft, ont tenté d’utiliser comme point d’accès depuis le XVe siècle. Faussement identifié comme Nuestra Segnoria del Mar Pequeña, situé à Nayla, au nord de Tarfaya et occupé par les Espagnols depuis 1473, Aït Baamrane a été, selon l’accord de Ras-el-Ma de 1860, offert par le Maroc aux Espagnols, qui n’occuperont le territoire qu’en 1934, sous la pression de la France. Lors d’une cérémonie à laquelle assistent le colonel Capaz au nom de la République espagnole et les Imgharen (chefs de tribus) des Aït Baâmrane, ces derniers se résignent à la tutelle espagnole, à condition que la souveraineté de leur territoire n’appartienne pas à l’occupant. Les Imgharen exigent l’abdication de la population, et devant son refus persistant, la puissance coloniale espagnole exile les chefs à Dakhla jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956. Ainsi, jusqu’en 1952, la ville de Sidi Ifni et la région portaient le statut colonial. Peu après, la ville deviendra la capitale de l’Afrique occidentale espagnole, composée du territoire d’Ifni, du Sahara espagnol et du Cap Juby, de l’actuelle Tarfaya, ainsi que de la Guinée équatoriale et de sa capitale Fernando Po. |